10 choses à avoir à l’esprit pour apprendre une langue étrangère
Lors d’un salon Expolangues on pouvait croiser un sceptique affirmant « notre cerveau n’est pas conçu pour parler plus d’une langue, c’est scientifiquement prouvé ». Il sortait pourtant d’une conférence donnée par Mr Claude Hagège polyglotte infatigable capable de s’exprimer dans une cinquantaine de langues, parmi lesquelles l'italien, l'anglais, l'arabe, le mandarin, l'hébreu, le russe, le guarani, le hongrois, le navajo, le nocte, le pendjabi, le persan, le malais, l'hindi, le malgache, le peul, le quechua, le tamoul, le tetela, le turc et le japonais. Claude Hagège est diplômé en hébreu, russe et chinois (c’est donc parfois un peu plus que des notions !).
Alors comment faire pour, non pas devenir bilingue, mais maîtriser une langue étrangère ? Voici donc un florilège des meilleurs conseils pour apprendre facilement une autre langue. Il ne s’agit pas de cocher toutes les cases pour y arriver mais d’avoir le bon état d’esprit !
1. PLAISIR Ne soyez pas sérieux… enfin plutôt amusez-vous. N’essayez pas de traduire dans la langue que vous apprenez ce que savez si bien dire dans votre langue maternelle ! Créez, lancez-vous : lisez des bandes dessinées, réglez votre smartphone dans une autre langue, composez des haïkus, regardez les films en version originale, jouez au Monopoly en VO (on connaît les règles et le contenu des cartes), programmez votre GPS en anglais (honnêtement Boulevard Marthe Edouard, dit par une voix robotisée anglaise c'est drôle).
2. MOTIVATION C’est plus facile quand on est motivé. La bonne nouvelle c’est que tout est bon pour y arriver :
voyager,
travailler avec des collègues ou des clients,
séduire son amoureux ou sa chérie,
comprendre une civilisation.
C’est comme pour arrêter de fumer, il faut en avoir envie… par contre c’est mieux car on ne grossit pas !
3. RENTABILITE On apprend une langue pour s’en servir, pas pour la garder pour soi. Pensez utile : vous êtes historien ? c’est sur la langue du XIXème siècle qu’il faut se concentrer. Vous voulez chanter du rap ? c’est le slang des rappeurs qui vous intéresse. Vous travaillez dans un cabinet d’avocat ? ce sont les termes techniques qui comptent etc… Ne visez donc pas la maîtrise parfaite de la langue, mais la capacité à communiquer (comprendre et se faire comprendre). Dès le début rendez vos efforts rentables, privilégiez l’apprentissage utile.
4. IMMERSION Ce qui compte ce n’est pas la méthode choisie (cours particulier, collectif, en-ligne, autoformation…) mais la pratique. Un peu tous les jours, puis petit à petit se mettre spontanément à penser, écrire, dire, écouter. Rappelons-nous comment nous avons appris notre langue maternelle : ce n’était pas un cours mais une appropriation. Recommençons donc en écoutant la radio (avec le web c’est facile), en écrivant des mails ou des post sur internet et bien sûr en regardant tous les films en VO. L’idéal c’est d’avoir un interlocuteur, car en définitive la meilleure chose qui puisse vous arriver lorsque vous exprimez quelque chose dans une langue étrangère, c’est que l’on vous réponde dans cette langue.
5. INTERACTION Complément logique de l’immersion, un des trucs infaillibles est de pouvoir émettre et recevoir. Essayez donc de trouver un interlocuteur. Cela peut-être, pourquoi pas, quelqu’un qui est dans la même situation que vous : motivé et désireux d’apprendre ; Dès lors tout devient plus facile : concours de vocabulaire, jeu de questions/réponses, correction réciproque des fautes
6. ÉCOUTE Avant de pouvoir jouer un concerto, il faut savoir lire la musique ; avant de peindre un tableau il faut savoir dessiner. Avant de pouvoir parler une langue il faut balbutier. Le balbutiement le plus évident pour parler une langue, c’est de savoir écouter. L’écoute c’est un moyen facile de se faire l’oreille : il ne s’agit pas de viser un accent parfait, mais déjà de comprendre pour pouvoir se faire comprendre. En ce qui concerne les accents, une institutrice américaine a une fois témoigné qu’elle ne se risquait plus à prononcer le nom de ses élèves le premier jour avant d’avoir entendu la façon dont les enfants prononçait leur nom ! Donc écoutons, écoutons et écoutons encore. Un moyen très simple et très efficace est d’écouter une chanson que l’on adore dans la langue étudiée avec ses sous-titres ou ses paroles (YouTube est à cet égard une mine d’or).
7. OBSERVATION Corollaire de l’écoute : l’observation de lèvres des locuteurs ! Une des scènes hilarantes du film « le goût des autres » d’Agnès Jaoui est le moment où le personnage jouée par Jean-Pierre Bacri essaye de prononcer le fameux Zeuh (The) anglais. Alors pour tous ceux qui n’ont pas « d’oreille », observer la façon dont les interlocuteurs prononcent les mots est un bon moyen de comprendre les intonations. Plus facile que d’essayer de copier un accent qui se veut authentique. Là encore le visionnage de vidéos musicales ou de films en VO est un outil extraordinaire.
8. CANDEUR Quand nous étions enfants, nous avons appris à parler sur le tas… en tâtonnant sans avoir peur de faire des erreurs. Petits, nous n’avions pas peur de mal dire, nous ne nous empêchions pas de parler par crainte d’une faute de grammaire, nous n’attendions pas de connaître les bons mots de vocabulaire pour exprimer nos idées. A nous de retrouver notre envie d’enfant, ne pas se prendre au sérieux, y croire, ne pas avoir peur de faire des fautes, admettre que l’on sait pas tout. Nous avons même un avantage sur les enfants c’est que l’on sait comment contourner les difficultés. Par exemple si je ne sais pas comment dire « Lapin » dans la langue que je suis en train d’apprendre, je peux toujours parler de Pâques, de chasse, de ferme, de mignon, de douceur, de moutarde, de Bugs Bunny, de Playboy etc… Pour information, il y a 60 000 mots dans le dictionnaire Le Petit Robert alors que la moyenne de mots utilisés par un adulte est de 3 000 mots !
9. RISQUE Quoique vous fassiez vous ne serez pas tout de suite aussi fort dans la langue que vous apprenez que dans votre langue maternelle. Acceptez donc de faire des erreurs. Mieux encore mettrez vous en « difficulté » en quittant votre zone de confort : c’est comme cela que l’on progresse. Dans la vraie vie vos interlocuteurs ne vont pas seulement parler de sujets que vous maitrisez ! A chaque interaction vous allez gagner en maitrise et donc en confiance. Prenez le cas de cet homme d’affaires en train de négocier un contrat important en Corée du Sud et qui a du expliquer pourquoi la France conservait encore des manuscrits anciens de grande valeur, alors qu’une promesse formelle de restitution avait été donnée par le président Mitterand. Cette personne ignorait cette histoire, ne connaissait pas le vocabulaire lié à ces documents et bien évidemment n’était pas prête à ce « débat ».
10. AUTOFORMATION On n’apprend pas une langue pour soi mais pour communiquer… pourtant un bon moyen de s’exercer est de se parler à soi-même. Dans un embouteillage par exemple pourquoi ne pas focaliser sur esprit sur son environnement et essayer de le décrire en VO. « Comment dit-on feu rouge ? Ca y est on avance. Je vais être en retard etc… ». Un bon moyen de se rappeler du vocabulaire. Cela marche tout le temps, partout et ce n’est pas cher. Une autre astuce est de se fixer un thème à « répéter » pendant des séances de jogging (quitte à réviser le vocabulaire grâce à des fiches thématiques trouvées sur internet au retour de sa course).
Pour conclure, dites-vous bien que PERSONNE n’attend que vous parliez une seconde langue aussi bien que votre langue maternelle. Au contraire en montrant vos efforts et votre envie de vous rapprochez de votre interlocuteur vous gagnerez sa sympathie. D’ailleurs ne sommes-nous pas impressionné lorsqu’un étranger s’essaye à parler français avec nous. La réciproque est tellement vraie.